lundi 29 juillet 2013

Robe de deuil XVIII° : photos en situation

J'ai participé les 20 et 21 juillet derniers au premier opus du jeu de rôle grandeur nature Mémoires d'Oubliettes : "eau forte", occasion pour laquelle j'ai cousu cette robe de veuve dont vous avez déjà beaucoup entendu parler.
Avant les grands discours, les photos (c'est quand même ce qu'on préfère dans un post sur un costume, pas vrai?). Mais ne vous réjouissez pas trop vite : je reprends le crachoir juste après.
Discussion avec M. de Nemours, crédits photo : Thomas Hahusseau, 2013
Avec François Dumont et Nemours dans le petit salon de la marquise, crédits photo : Thomas Hahusseau, 2013
Une ballade dans le parc avec un médecin et un intendant, crédits photo : Fanny Wilk, 2013

... et un petit tour en barque entre dames pour se rafraîchir, crédits photo : Fanny Wilk, 2013
... pour finir avec jeu de puces auquel j'ai tout perdu, crédits photo : Thomas Hahusseau, 2013
Pour honorer l'objet de ce blog, débriefons d'abord sur le costume.

Comme vous pouvez le voir sur les photos il a fait très beau et, comme vous devrez m'en croire, très chaud. Clairement, le noir n'est pas une couleur appropriée à un si franc soleil. J'étais d'humeur badine et me suis inventée toute une série de petites phrases - belles comme des camions - permettant de plaisanter un peu de la situation. Exemples, pour le fun :
Le veuvage est une douleur. Le veuvage au soleil est une douleur sans nom.
Si mes yeux sont secs d'avoir trop pleuré, mon corps, à l'inverse, trouve encore des larmes à verser.

Second handicap : la voilette. Outre que ça tient un peu plus chaud que de ne rien porter, la voilette est une vraie tannée lorsqu'il s'agit de passer à table. J'ai acquis une très bonne maîtrise du mouvement de balancier de la tête qui donne à la voilette un recul suffisant pour glisser subrepticement une fourchette chargée entre elle et le visage. Ce n'était ni classe ni efficace, et j'ai du laver la voilette à la main avant de me mettre au lit samedi soir parce que j'avais l'impression de me traîner un garde manger sous le nez. Vraiment pas classe on vous dit.

Pour le reste, je dois avouer que je suis très fière de ma tenue.
J'ai porté mon grand corps à baleines pendant deux jours et je n'ai eu aucune douleur ni aucun inconfort à déplorer. Je l'ai porté très peu serré, juste pour donner la bonne forme à mon buste (au diable la taille de guêpe).
La forme de mon cul me plaisait bien (ne pas prendre cette phrase hors contexte) et la robe en elle-même n'a pas bougé d'un poil. Aucun ourlet n'a craqué, les compères ont été sages. Le bonheur quoi.
Le petit fichu de mousseline blanche n'est pas génial en revanche : il donne beaucoup trop de volume dans la nuque, ce qui tient chaud (encore) et empate méchamment le visage. J'ai enfin compris pourquoi en lisant un post de Green Martha : les fichus ne sont pas de simples triangles de tissu, il faut les creuser dans la nuque pour qu'ils soient confortables.

et puis parce que c'était formidable, quelques mots sur le weekend.

C'était donc la première fois que je participais à un jeu de rôle grandeur nature... et probablement pas la dernière car j'ai vraiment adoré ça. J'ai été complètement happée par le jeu et l'ambiance.
Le cadre était magnifique, nous avons remarquablement bien mangé et, moi qui suis si nulle en résolution d'énigmes, j'ai fait marché mes méninges à fond les ballons pour sortir mes marrons vivants de ce panier de crabes en feu (le mix d'expression est une nouvelle figure de style qui montre à quel point c'était chaud patate).
Je l'ai déjà dit mais je le redis : merci à Fanny et Fenriss, qui ont créé tout ça, aux organisateurs qui ont vraiment géré, aux joueurs et non joueurs qui ont donné vie à la chose et à Thomas qui l'a joliement immortalisé.
Pour finir, voici une photo de groupe. Vous noterez parmi les costumes, quelques pures confiseries pour les yeux...
crédits photo : Thomas Hahusseau, 2013

lundi 22 juillet 2013

Robe de deuil XVIII° : étape 4, les chaussures et accessoires

Quel marathon ! Le GN s'est déroulé ce weekend et la tenue était quasi finie. Youhou !
En attendant de vous en dire plus sur ce merveilleux weekend, photos à l'appui, je reviens sur les derniers épisodes de la confection de la tenue de veuve.

Les chaussures
Pour les chaussures, comme d'habitude, tout commence par une paire de chaussures merdiques à 10€. J'ai choisi celles-ci car :
  • Le talon n'a pas parfaitement la bonne forme mais il est approchant et surtout la hauteur est bonne,
  • Elles sont relativement confortables (passée l'impression étrange d'avoir mis ses pieds dans des sacs en plastique), ce qui est vraiment rare pour des chaussures à 10€,
  • La fanfreluche du dessus peut s'enlever facilement et laisser place à une chaussure qui aura la bonne forme.
Je ne vais pas vous montrer les détails de la customisation car c'est exactement la même méthode que pour les chaussures de la française, quoi qu'avec des formes différentes. J'ai aussi bricolé deux boucles de chaussures en perles, avec la méthode habituelle. Voici le résultat :
Clairement, ce ne sont pas les plus belles de ma collection. Si je devais les refaire, je ferait une languette plus longue (parce qu'elle ne dépasse que très peu des rabats) et j'y mettrais globalement plus de soins. Mais ces chaussures ont été bricolées en deux heures à peine, ce n'est pas si mal.

L'éventail
Vous vous souvenez peut-être que j'en parlais comme de quelque chose d'optionnel la denrière fois. Heureusement pour moi, j'ai rapidement quitté cette idée et me suis confectionné un objet qui m'a sauvé la vie, ni plus ni moins.
Ainsi, tout commence avec une horreur achetée dans le métro pour 1,80€. La monture est en bois de cagette ultra cheap mais sa forme est sympatoche. La feuille, elle, est d'une laideur sans nom.
D'abord, j'ai délicatement retiré la feuille de la monture.
J'ai peint la monture en noir et l'ai vernie pour que la peinture ne déteigne pas sur moi avec la chaleur (riche idée même si ça n'a pas complètement suffi).
 
En attendant que tout cela sèche, j'ai découpé un double de la feuille dans mon voile noir.
Puis j'ai déplié la monture précontionneusement dans la position finale d'un éventail ouvert.
Et j'ai collé ma nouvelle feuille dessus.
Pour finir, j'ai cousu un petit bout de dentelle noire de mon stock en haut de la feuille.
L'éventail peut alors être plié délicatement (le premier pliage est un peu sensible).
J'insiste sur un point : Si cette customisation a fonctionné sans problème c'est uniquement parce que le tissu choisi pour ma nouvelle feuille était très fin. Fermer l'éventail avec une feuille plus rigide sans la plier au fer au préalable aurait été impossible.

Le chapeau et le voile 
Attention Speedy Gonzalez est en action : chapeau express 30 minutes !
J'ai utilisé la méthode d'Inevara, qui consiste à coudre du fil de fer sur du bougran pour former le rabat. Evidemment je n'avais pas de bougran (trop simple sinon). J'ai utilisé une chute de lin super rigide à la place. C'est à mon avis moins bien car plus lourd et malgré tout moins rigide.
Pour la partie supérieure, j'ai découpé un large cercle de tissu, froncé les bords et cousu sur mon rabat.
Là-dessus, j'ai planté les plumes, un noeud assorti à ma ceinture tenu par une boucle en perles fabriquée comme une boucle de chaussures et enfin accroché mon voile de veuve à l'aide d'une broche.
 
Finalement, le tenue était assez complète. Ne manquaient plus à l'appel qu'une déco sur la jupe et des boutons et boutonnières aux poignets (qui ont été fermés sauvagement à l'épingle à nourrice).

mardi 16 juillet 2013

Robe de deuil XVIII° : étape 3, les compères et le manteau

Aïe je suis super à la bourre sur ce projet. C'est pour ce weekend et à l'heure où je vous écris, il me reste à faire :
  • un milliard de finitions, qui n'ont rien d'indispensable mais comme j'ai commencé la déco d'un coté, j'aurais l'air idiote si je ne la finissais pas,
  • un chapeau, indispensable pour porter le voile de deuil,
  • des chaussures, assez indispensables aussi, 
  • éventuellement un éventail, parce que je vais creuver de chaud en noir au soleil.
En attendant, voici ce que j'ai fait la semaine dernière et ce weekend.

1 Fixer les compères.
ça a été vite fait mais je voulais vous montrer ma petite astuce.
D'abord je fermes les compères de façon bien jointive, soit en utilisant leurs agraphes si je les ai fixées, soit avec des épingles comme ici.
Les compères attachées avec des épingles, vues de l'intérieur
Puis je m'habille pour de vrai, avec le corset et les jupes (c'est important de mettre les jupes car elles donnent du volume sur la partie inférieure des compères). Je fixe les compères sur le corset comme si c'était une pièce d'estomac (en mettant un minimum d'épingles car elles vont être techniques à récupérer).
Les compères fixées au corset (avec juste 4 épingles)
Puis je referme le manteau et le fixe avec des épingles sur les compères.

 
J'obtiens des compères bien positionnées, qui ni ne tiraillent ni ne baillent.
 
Il n'y a plus qu'à coudre

Voilà qui est fait ! Vous noterez qu'entre temps, j'ai enfin fixé mes agraphes et commencé la déco. 
 2 Coudre le manteau Rien à signaler sur le plan technique. J'ai plissé bien petit puis cousu mon corage dessus à la main.
 
Je voulais une robe qui s'ouvre largement devant, donc forcément un dos assez étroit, ça va de paire. J'ai laissé le premier plis assez large car il va porter de la déco.

3 Poser la déco
La déco, justement, parlons-en.
J'ai craqué (ce qui n'est pas bien malin pour un projet à réaliser dans un temps limité). Tout est bien loin d'être finin mais voici un aperçu.
Les dentelles et le  ruché de l'encolure etd es compères

mardi 9 juillet 2013

Robe de deuil XVIII° : étape 2, le corsage

Après la jupe, je me suis attaquée au corsage de mon anglaise de deuil. Je vous en parle parce que j'utilise une méthode différente de celle de Melly pour monter les corsages, ça changera un peu.
Avant toute chose, notons que j'utilise un autre patron que Melly dérivé, je n'ai pas honte de le dire, du Simplicity 7026. Il compte 8 pièces pour un corsage : deux milieux dos, deux côtés dos, deux côtés face et deux engageantes (enfin, le patron prévoit une pièce d'estomac mais j'ai modifié ça).
  • D'abord je triple les pièces. Ici c'était indispensable car la moire est souple et ne se serait pas bien tenue seule. Chaque pièce est donc découpée trois fois : une fois dans le tissu, une fois dans la doublure (ici, un lin blanc cassé, reste de la jupe de ma française) et une fois dans une triplure rigide (ici un vieux drap de chanvre, reste de la tenue de canotier de Jean).
Chaque pièce est découpée trois fois. Ici, le centre dos.
  • Ensuite, je baleine un peu les pièces. en général je mets 6 baleines : deux sur chacune des deux pièces de côté dos et une de chaque côté de l'overture du corsage. Avec ça, je suis sûre de moi : pas de plis disgracieux. Les casiers à baleines sont ménagés entre la doublure et la triplure. Ce qui fait qu'ils ne sont pas visibles de l'extérieur.
Une pièce côté dos avant d'être retournée. On voit bien mes deux casiers à baleines.

  • Je monte chaque pièce sur sa doublure et triplure, indépendamment des autres, en laissant le bas de la pièce ouvert. Je crante les surplus et retourne chaque pièce sur elle même avant d'assembler. Le gros avantage de cette technique c'est que les coutures sont bien rigides et constituent presque des baleines en elle-mêmes. Le gros inconvénient c'est que votre machine va montrer des signes de lassitude quand vous aller lui présenter 6 épaisseurs de tissu à piquer d'une traite. C'est le moment de dégainer la grosse aiguille à cuir, de relacher un peu la tension du fil et de chausser vos plus belles lunettes (on ne sait jamais, une aiguille est si vite cassée).
Toutes les pièces, prêtes à être assemblées
Mauvaise nouvelle : les coutures d'assemblage, comme la plupart des coutures d'ailleurs, doivent être ouvertes au fer à repasser. Enjoy !
Au final, ça donne ça vu de l'intérieur. C'est pas du tout crassou car les bords sont nets et cousus, mais c'est vrai qu'on n'en a pas trop l'habitude.

La couture d'épaule, celle pour laquelle votre machine va vous maudire (si, ça marche aussi dans ce sens là)
Et voilà ce que ça donne dans le bon sens
à l'avant pour l'instant ça baille. Il nous manque des compères, qui vondront au prochain épisode
Pour les manches, j'ai opté pour des manches coudées (ça c'est classique), très ajustées (ça c'est parce que j'avais envie). Il m'a fallu faire une ouverture pour pouvoir passer mes mains dans les manches, tant elles sont ajustées au niveau du poignet. Je me suis fendue d'une découpe un peu tarabiscottée avec un passepoil. Stylé, non?
Il ne manque plus que les boutons

dimanche 7 juillet 2013

Robe de deuil XVIII° : étape 1, le cul de Paris, la jupe et une astuce sur les plis

Après moult essais pour trouver une forme qui me plaise, j'ai mon cul ! Il est gros mais pas trop et surtout très beau. Tout en toile de Jouy figurant des scènes de chasse, avec des chiens qui courrent après des sangliers. Du meilleur goût pour des dessous féminins. C'est vrai qu'à bien y regarder, il ne va pas très bien avec mon corset, mais tant pis, on ne peut pas penser à tout.
Il est "réversible" : recto/ meute excitée par l'odeur du sanglier apeuré et fronces à motifs et verso/ cavalier content car il sait qu'il n'aura pas faim ce soir et fronces beiges. Pas mal, hein?
Enfin, il est exécuté selon le principe qui régit ma vie depuis ma française en indienne : les coutures visibles sont faites à la main, pour un rendu plus histo (dont l'ourlet de la bande de fronces, qui était long comme un jour sans pain). Les coutures non visibles sont faites à la machine, pour gagner en temps et en solidité (ma couture à la main n'étant pas encore au niveau).

J'ai aussi une jupe à mettre dessus.
Elle est exécutée selon le même principe.
S'il me reste du tissu et du temps, je la décorerai avec une bande de ruché "bouffant", comme je vous en parlait la dernière fois, furieusement inspirée de cette anglaise du KCI.
Pour finir, juste un mot sur ma méthode pour plisser les pans de la jupe.
D'abord, je plisse, je ne fronce pas. Je n'aime pas les fronces, ça fait du volume et c'est pas régulier. Sur les robes histo, on trouve plus souvent des fronces que des plis, il faut bien l'avouer, mais moi je n'aime pas. Et toc !
Par contre j'ai une méthode pour plisser vite et petit. Je vous la montre vite fait parce que ça peut toujours servir (au moins pour les manteaux de robe qui, eux, sont plus souvent plissés que froncés) :
  1. Je commence par découper et préparer la ceinture. Pour une jupe, il faut en réalité deux demies-ceintures avec marges de couture à chaque fois.
  2. Je coupe et prépare les panneaux de jupes : je les couds entre eux et ourle le tour des poches.
  3. J'épingle endroit sur endroit mon panneau de jupe et la ceinture à trois emplacements : les deux extêmités (en plaçant l'extrêmité du panneau à 1cm du bord de la ceinture) et les deux milieux.
  4. Je plisse à l'aide d'une règle, en "l'enroulant" dans le tissu pour obtenir un pli bien plat. Le truc consiste à partir des bords et à revenir vers le milieu de façon à pouvoir répartir le reste de tissu dans le pli central (la probabilité que la largeur du panneau de la jupe soit un multiple de la largeur de la règle étant assez faible, vous aurez forcément un rete).
  5. Dernière astuce :  pour plus de solidité, je ne couds pas deux petits cordons de chaque côté pour fermer ma jupe mais un grand cordon qui travers et qui est pris dans la ceinture (généralement je le pique sur les surplus de couture du panneau de jupe avec la ceinture). ça limite les risque d'éfilochage du cordon et répartit bien la pression autour de la taille.
  6. Enfin, je referme la ceinture au point invisible (à la main donc).

jeudi 4 juillet 2013

Robe de deuil XVIII°

Dans 15 jours, Jean et moi allons participer à un GN. Un retour à des amours de jeunesse pour Jean, une grande première pour moi.

Pour cela, j'ai besoin d'un costume de deuil de la fin du XVIII° siècle. Je n'en dis pas plus sur le contexte pour ne rien dévoiler de mon personnage. Mais le défi costume est intéressant.

Commençons par la documentation et deux articles super intéressants sur le sujet (vraiment si vous avez un peu de temps je vous les conseille, surtout le second, c'est un régal) :
On ne déconne pas avec le deuil au XVIII° siècle. C'est hyper codifié, tant en termes de durée qu'en terme d'usages vestimentaires.

En ce qui me concerne, je vais opter pour une tenue de petit deuil (c'est à dire la dernière étape d'un deuil avant le retour aux habits normaux) qui me laisse un peu plus de libertés sur la forme et les garnitures. Je vais me lancer sur une anglaise, avec des compères pour la fermeture, des manches longues et étroites (peut-être même au point de devoir les fermer avec des boutons, on verra). Question garnitures : des ruchés "bouffants", des rappels de plumetis noir aux manches et à l'encolure, et des toutes petites pleureuses blanches. Enfin, je porterai une ceinture bleue ciel, parce que je suis une coquine qui n'a peur de rien et que c'est plus joli.

Les tissus sont achetés : une moire noire (ah ah!) et un voile en plumetis, noir également. J'ai trouvé mon bonheur chez Fanny, dans sa boutique de la rue Gabriel Laumain.
Le voile plumetis, vous remarquerez qu'il est plissé à l'origine., ça devrait m'aider pour les décos.
Si on fait le point, j'ai...
  • le corset
  • la chemise
  • les jupons
  • un fichu en mousseline blanche
... et je dois faire :
  • un cul de Paris correct car le mien ne me plaît pas. Sinon j'ai des paniers poches mais sous une anglaise c'est pas top
  • une jupe et un manteau de robe
  • un chapeau auquel je puisse fixer le voile
  • des chaussures noires
Aller, courage.