lundi 24 juin 2013

Ma robe de mariée en dentelle de Calais faite maison

Je m'étais juré de ne pas faire ça, de ne pas vous asséner l'article égocentrique sur ma robe de mariée qui n'a rien d'historique mais dans laquelle je me trouve si belle. Justement parce qu'elle n'a rien d'historique et que je déteste l'auto contemplation (sauf quand c'est moi bien sûr, je suis comme tout le monde). Mais j'en meurs d'envie. Parce qu'elle était belle*, que je l'ai faite toute seule** et que j'en suis très fière.
J'ai l'air débile sur cette photo mais on voit bien la robe
Zoom sur le corsage
 
Au-delà des photos, je vais quand même vous parler un peu de sa réalisation. Non pas qu'elle soit hyper complexe, mais enfin ça fera genre.

Les matières sont splendides (je trouve) : satin duchesse pour le fond de robe et dentelle de Calais (et ouais!) pour le dessus. Autant le dire tout de suite, elle m'a coûté un bras. Mais on s'en fout parce qu'elle était belle.

La ligne est très simple : ajustée jusqu'aux hanches, puis s'évasant en trapèzes. Je l'ai construite sans patron, en m'inspirant des lignes qui m'ont plu au cours de mes quelques essayages de robes en boutiques***

L'histoire de cette robe est très longue, ce qui explique en partie pourquoi j'ai été si peu active sur le blog ces derniers temps. Tout remonte à novembre 2012. On décide de se marier et fixe la date à mi juin 2013.
En décembre, je commence à me préoccuper de ce que je vais pouvoir porter. Dans les boutiques, on me dit qu'il est déjà presque trop tard pour commander (je vous renvoie au ***) et j'ai bien envie de me lancer toute seule. Je fais des croquis et une première toile. Je suis particulièrement séduite par l'idée de placer la taille plus bas sur les côtés que devant et derrière, comme vu sur le modèle Béatriz de Rosa Clara.
J'invente une forme de dos, dont je sais qu'elle me sied particulièrement.
Je pompe l'idée des doubles bretelles sur une robes années 1920 du Costumes du KCI (seul élément pseudo histo, même s'il n'est pas très caractéristique).
 

Pas de panique, la traîne n'est juste pas coupée. Je n'ai jamais envisagé m'handicaper avec un truc d'une telle longueur. Sauf que tout le monde trouve cette taille carrément bizarre. Et puis, vers noël, je tombe amoureuse d'une dentelle de Calais que j'ai envie de mettre partout. Il me semble compliqué de conserver ma taille à hauteur variable tout en préservant le feston de la dentelle à l'ourlet, et je finis par me convaincre qu'il va falloir taper dans la couture princesse. La deuxième toile nait en janvier.

 
La dentelle est évidemment trop courte, c'est du cheap pour faire l'essai
En février j'achète les tissus. Je suis tellement impressionnée que je les range sans les toucher pendant plusieurs semaines. En mars et avril, je monte la robe, doucement, avec application, et en profitant des soirées où Jean n'est pas là (il ne voulait pas voir la robe avant le mariage, mais coudre une robe en secret dans un appart de 40m² c'est comment dire... pas simple).

Petites astuces de montage :
  • sous la rangée de boutons du dos, il y a une fermeture éclair, posée en léger retrait du bord, pour être sûre et certaine que ça ne baille pas.
  • sur le corsage, la dentelle est plaquée et cousue à tous petits points (ce qui a pris un temps infini). Ces petits points sont cachés par la doublure du corsage. Les surplus de dentelle sont dégagés au niveau des coutures sous la poitrine. La dentelle est si fine qu'il a fallu être bien minutieuse pour que les coutures ne se voient pas.
  • un tout petit point sur l'épaule maintient les bretelles croisées au bon endroit.
  • la jupe n'est pas doublée, pas la peine.
En mai, désespérée par la météo pourrie, je fais une petite veste courte, avec des manches en dentelle. Finalement, elle n'aura servi à rien et tant mieux. J'achète sur Internet (boutique "chouchou rouge") un jupon en tulle pour donner un peu de volume. Vous le savez, je n'aime pas faire les jupons. Et je voulais absolument une ceinture taille basse qui n'élargisse pas les hanches, donc à priori dans une matière gersey/eslastique, que je ne sais pas travailler. Le jupon avait un cerceau, mais je le vire.
 
Je vous en parle aussi parce que leurs produits sont merveilleux : j'ai acheté une étole en Mohair chez Mohair en Touraine pour compléter la tenue et ne pas avoir froid.

Et puis le 15 juin, je me suis coiffée et maquillée et j'ai mis ma jolie robe de princesse pour épouser mon prince (qui lui avait un costume très inspiré historiquement parlant, je vous en dirai plus un jour). Nous avons eu un très beau mariage et sommes très contents.

La photo classicouille : crédits Eole Wind

* Je dis bien "était", au passé, parce qu'elle est maintenant roulée en boule dans un coin de ma chambre et que la crasse de l'ourlet rivalise de laideur avec les cloques et tâches d'une pseudo douche au champagne de 4 heures du mat'. Et dire que j'en ai pris un soin infini pendant des mois ! C'est ingrat la vie de robe de mariée.
** Sauf l'arrondi et l'ourlet qui ont été réalisés par ma grand-mère et ma grand-tante Suzanne. Un très bon moment d'ailleurs, où ces deux mamies de 75 ans ont retrouvé leur jeunesse de cousettes, courant dans les escaliers, pelote d'épingle au poignet, et piaffant de la bonne farce qu'elle jouaient aux messieurs en transportant sous leur nez, mais bien cachée dans un drap, la mythique "robe de la mariée".
*** Au passage petit coup de gueule : sérieusement? 3000€ pour une robe 100% polyesther dans laquelle je transpire comme une truie alors que je ne l'ai portée que 10 minutes ? 3 mois pour faire venir le modèle en taille 38 hyper standard, soit-disant de Barcelone ? De qui se moque-t-on ? Le polyesther ça peut être joli mais ça ne peut pas valoir 3000€ et 3 mois c'est pile le temps qu'il faut pour faire Asie du Sud Est-Paris en cargo poubelle. Vraiment, fuyons les grandes enseignes qui se font du beurre sur le dos de pauvres fiancées. Il existe des tas de petites créatrices qui mettent le prix de la robe dans ce qui compte vraiement : son unicité, la qualité des matières et la propreté de la réalisation. Oui c'est flippant de ne pas acheter sa robe toute faite. Mais ça reste moins flippant que de se faire avoir en permanence par des gros mafieux dégueux qui jouent sur la naïveté des amoureux.