samedi 14 septembre 2013

Athénaïs en Vénus : jupon à plis canons

Ou l'importance de bien choisir ses tissus...

Voici un premier jupon à mettre sous ma tenue d'Athénaïs. Je suis très partagée quant au succès de l'opération. D'une part je suis contente parce que j'ai réalisé mes premiers plis canons et qu'ils sont bien. De l'autre, je suis aussi très déçue parce que malgré ses beaux plis, le derrière est moche. Il ressemble à une robe à tambour de la renaissance, ce qui n'est pas du tout l'effet recherché. La raison est simple : j'ai un peu forcé sur la triplure (gros brocard que ma mère a utilisé pour recouvrir un sommier, l'idée semblait bonne) alors que le tissu est tout léger (polyester donné par ma mamie, qui imite la soie sauvage sans en avoir le craquant, en bref joli mais qui ne se tient pas). Du coup, ma triplure n'a pas de contrepoids et elle dicte sa loi dans mon dos. Coquine. A l'heure qu'il est, j'hésite sérieusement à plomber un peu l'ourlet pour la calmer. Je verrai si avec d'autres jupes dessus l'effet n'est pas un peu atténué. 

Il y a déjà beaucoup de choses écrites sur les plis canons. Mais comme il m'a fallu du temps pour visualiser l'affaire avant de me lancer et que j'ai pris quelques photos que je trouve assez parlantes, je vous les mets, je me dis que ça peut servir. Je ne me proclame pas experte du pli canon, c'est juste le principe de base. 
Trois propos liminaires : 
  • Ce sont ici des plis pour une jupe sans traîne. Avec traîne, c'est l'étape d'après. Pour que le droit fil soit toujours bon à l'ourlet, il doit falloir tricher un peu à la ceinture mais je vais me pencher sur cette question dans les jours qui viennent.
  • Le devant de ma jupe est froncé (je ne voulais pas de volume sur l'avant, sous la pointe de mon corset). J'ai choisi de fermer la jupe sur un coté, entre les fronces et les plis. C'est une erreur car la fermeture a été très difficile à cacher proprement. Si je devais le refaire (et ça tombe bien, je vais en refaire), je placerais la fermeture au milieu du dos, facilement camouflable entre deux plis. Par contre, ça nécessite de faire ses plis en deux fois.
  • C'est long à réaliser. Plus long que des fronces évidemment. Plus long que des plis plats. Enfin bref c'est long. J'ai monté la ceinture de la jupe en 4 heures : 30 minutes pour le panneau de devant froncé et 3h30 pour celui de derrière à plis canon. OK c'était une première mais quand même c'est long.

Pour commencer, on coupe les ceintures et les panneaux de la jupe et les bandes de triplure, on surfile les bords si on veut. Sur le bord supérieur du panneau de jupe, on retourne quelques centimètres de tissu sur la triplure. chose importante : la triplure doit se trouver bien au fond du pli de tissu, pour que vous l’accrochiez bien quand vous allez coudre les plis.
 Etape de la mort, on trace sur toute la longueur des traits :

  • parallèles au bord du tissu, que vos fils de fronces vont suivre.
  • perpendiculaires au bord du tissu. Chaque trait représente le milieu d'un pli. Donc ua final la hauteur de vos plis sera égale à l'espace entre vos trait. Il est très important que cet espace soit identique du début à la fin de l'exercice. Sinon, vous aurez des plis de hauteur différente, ça sera vilain et vous allez galérer pour caler tout ça sur la ceinture (vous êtes prévenus).
Chaque intersection représente un passage de fil.
On passe des fil de fronces selon les repères tracés. J'imagine que plus il y a de fils, plus c'est solide (parce que la bonne nouvelle du plis canon c'est qu'on laisse le fil de fronce à la fin. Youhouhou, au placard la décousette !)
 Après c'est juste très marrant : on tire sur les fils de fronces et les plis apparaissent tous seuls.
Ils sont beaux, ils sont bien rangés, ils sont bien réguliers, on les aime.
 Ensuite on prépare la ceinture comme on veut. Moi je me suis prise pour Goldorak et j'ai armé le truc comme une folle : triplure et points réguliers pour tenir le tout.
Jusque là c'est longuet mais on pige bien ce qu'il faut faire. Perso, c'est sur la suite que j'ai eu plus de mal à voir, malgré les nombreux schémas glanés sur le net. Le truc c'est qu'au final, les plis ne vont pas être verticaux (enfin c'est possible aussi mais pas là). Ils vont être horizontaux, parallèles au sol (d'où l'effet tambour si on choisit mal ses tissus). Par là même, les plis vont être perpendiculaires à la ceinture qui les tient. ET BIM CHOC CONCEPTUEL !
Donc si on y va doucement, on commence par coudre le sommet de chaque pli au bord supérieur de la ceinture (excusez le fil blanc sur tissu bleu, j'étais en dèche et n'avais aucune envie de m'arrêter là, pour vous c'est mieux : vous verrez bien mes points). Deux ou trois points, en prenant bien garde de piquer aussi la triplure dans l'épaisseur du pli.
On obtient une guirlande de plis bizarre dont on ne voit pas trop ce qu'on va faire. Le but de l'étape suivante va être simplement de replier la ceinture sur la tranche des plis. Comme ça :
Le plus simple est de retourner l'ouvrage. Oh miracle, ça ressemble à ce qu'on avait juste avant. Donc on refait la même chose : deux ou trois points pour lier chaque pli à la ceinture, en prenant bien garde de piquer aussi la triplure dans l'épaisseur du pli. On a ainsi cousu le dessous des plis canon.
Et c'est fini ! Maintenant, on comprend bien pourquoi, quand la ceinture est plaquée à notre taille, les plis partent horizontalement.
J'espère que les photos vous ont aidés. Lancez vous, c'est pas si sorcier et ça fait un cul d'enfer !

lundi 9 septembre 2013

Athénaïs en vénus : le corset 2


J'ai coupé chacune de mes pièces de corset dans le tissu et surfilé les bords. Il me faut maintenant décorer ces pièces, sans recourir à la broderie, puisque je ne brode pas (encore). J'ai utilisé des rubans, notamment de la soutache (c'est fait pour ça, même si c'est très marqué XIX°), et des perles en colliers ou libres, que j'ai cousus sur mon tissu pour dessiner le motif. Le motif justement est inspiré d'une grille de la cathédrale St Guy de Prague, que j'ai prise en photo il y a plus de deux ans. Il est plein de volutes, fleurs et feuilles et fait un peu baroque (bien que la grille soit XVIII°). Autre avantage il est de forme trapézoïdale, ce qui va me permettre de la glisser assez facilement dans ma pièce de devant de corset.
J'ai commencé par transcrire le motif sur du papier.
Puis je l'ai reporté sur l'envers de mon tissu et ai commencé à coudre les rubans et perles. La soutache est toujours un peu pénible à arrêter, parce qu'elle s'effiloche beaucoup. Ici j'ai choisi d'en tirer parti et de réaliser des glands à chaque extrémité.

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Aparté 1 : réaliser un gland en soutache

1) Faire un nœud à 1,5-2 cm du bord

2) Défaire la tresse de la soutache en aval du nœud

3) Couper les deux cordelettes qui servaient de trame à la tresse de la soutache
4) C'est fini !
 
 
 
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Voilà le résultat :
Face
Dos
Pour le montage, j'ai assemblé les pièces de tissu entre elles puis les ai cousues sur le haut et les côtés, endroit contre en droit avec les pièces de doublure/triplure. J'ai retourné délicatement. Puis j'ai fermé le bas à la main au point invisible, en prenant soin d'insérer les basques.
En cours de montage
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Aparté 2 : œillets de triche

Je voulais broder mes œillets pour qu'ils soient histo mais je ne suis pas très forte en la matière et mes œillets ne sont jamais bien résistants (en plus, comme Jean adore serrer les corsets en tirant des grands coups comme dans les films, les œillets craquent à la pelle). Alors j'ai opté pour une triche, que j'ai vu un costume il n'y a pas longtemps et que j'ai trouvé super maligne : j'ai posé des œillets métalliques sertis et j'ai brodé autour. Résistance et visuel OK !
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Photos de l'objet fini et deux conseils : 
  • Sur votre papier, faites des essais pour voir comment implanter les différents rubans et perles. En fonction de la couleur et de la texture, le rendu change beaucoup si on inverse simplement les rubans.
  • Créez du contraste. J'ai longtemps hésité à ajouter les perles noires et les cabochons rouges mais il n'y a pas photo : les motifs entièrement ton sur ton c'est joli mais ça ne se voit pas. Un peu de contraste rehausse tout de suite l'ensemble. 

 
 

mardi 3 septembre 2013

Athénaïs en Vénus : le corset

Autant le dire tout de suite, il y aura un second post sur la décoration de ce corset mais aujourd'hui, on va surtout s'intéresser à sa forme.

Ma principale inspiration pour ce corset est le portrait de Marie-Thérèse de Bourbon par Mignard.
Je vais donc chercher à produire un corset porté sous la poitrine, très conique et assez court, qui descend en pointe sur le bas ventre et remonte, en pointe également, entre les seins. Sur les côtés, la taille est à sa hauteur naturelle (je suppose que dans le dos aussi). La pièce de devant prend largement les côtés (peut-être même que le corset en en une seule pièce mais j'ai peur de ne pas bien savoir tailler le cône en une pièce). Le corset est muni de basques et se ferme, selon toute vraisemblance, dans le dos. Dernier élément important : il n'y a pas un pli sous les motifs. J'en conclue que le corset est sacrément baleiné*, au moins sur l'avant. 

Je suis partie de la toile de mon dernier corset XVIIIème qui est non seulement à ma taille (avantage non négligeable) mais également sacrément conique. J'en ai fait une copie sans baleines** que j'ai posée sur mon mannequin de coutre. Puis j'ai dessiné au crayon la forme finale souhaitée (plusieurs essais sont visibles sur la photo ci-dessous). 
Après essai sur moi et validation du schmilblick, j'ai taillé chaque pièce (au final, j'en ai 3) 3 fois : tissu, doublure, triplure. Vous noterez qu'au final, et après mille réflexions, la pointe du corset s'est transformée en basque carrée. Je me dis à bien y regarder que la basque centrale doit être un effet d'optique du au ruban qui marque la taille. En procédant ainsi, je peux prolonger les baleines dans la basque du milieu et éviter qu'elle rebique.
J'ai cousu (en machine) doublure et triplure de façon à ménager des casiers à baleines. Ceux-ci sont verticaux sur l'avant et l'arrière, mais en biais sur les côtés pour accentuer encore l'effet conique. Les casiers à baleines sont jointifs sur l'avant (pour l'histoire des plis qui ne doivent pas exister) et plus espacés ailleurs.
Ensuite, sans suspens j'ai coupé et arrondies les baleines. Et assemblé les panneaux doublure/triplure entre eux. 
Je m'arrête là pour l'instant car le tissu de dessus est encore en cours de traitement. 

* On pourrait aussi en conclure que le peintre n'a pas voulu se galérer à figurer des plis parce que c'est chiant, mais ça serait manquer de respect pour Pierrot, roi du baroque qui plisse. 
** C'est une erreur d'avoir fainéanté là-dessus, car je me suis un peu embrouillée dans les tailles et non résultat final est un peu trop grand