mercredi 10 avril 2013

Le corset porté visible

J'ai pris du temps pour rédiger cet article mais il arrive enfin. J'espère qu'Audrey, qui m'a posé une question sur les corsets portés visibles, y trouvera quelques réponses... ou pas ! Parce que je n'ai pas trouvé grand chose pour être franche.

Autant on peut trouver pas mal d'exemples de corsets portés visibles du la fin du XVII° au milieu du XVIII°...
Il s'agit souvent de corsets portés sous la poitrine, manifestement lacés sur l'arrière (enfin je suppose puisqu'on ne voit rien devant) et très richement ornés (brodés, emperlés, fleuris...).
Marie -Thérèse de Bourbon, Mignard, 1688
Portrait de la duchesse du maine, Pierre Gobert, 1690's

Marquise de Gueydan en Flore, Largillière, 1730 (musée Granet)
Portrait d'une dame (explicite le bonhomme), Largillière, 1739
Portrait de Françoise, Largillière 1741














... Autant les corsets complets, avec bretelles et manches attachées dessus, ne sont pas légion et surtout pas au milieu du XVII°. 
En fait, le seul exemple que j'ai trouvé en peinture date de 1703.
La Belle Strasbourgeoise, Largillière 1703
Conclusion : je suis bien embêtée ! Je ne peux finalement que me réfugier derrière l'exemple du Victoria and Albert Museum (seule preuve, mais preuve vivante, que ce type de vêtement à bien existé).

Pour ne pas conclure sur cet échec et vous donner quand même quelque chose à lire, je vous propose une traduction de la page descriptive du corset que je souhaite reproduire, par le V&A Museum. La traduction est de moi et j'ai clairement pris des libertés syntaxiques (je me serais faite jeter aux concours avec ça), mais le sens y est. 

Type d'objet
Au XVIIème siècle, le corset rigide est un élément essentiel de la garde-robe d'une femme suivant la mode. Depuis le début du XVIème siècle, on intègre au montage des vêtements des éléments permettant de rigidifier les robes des femmes. Ces éléments sont parfois ajoutés au corsage du dessus, ou prennent la forme de corsets portés sous la robe. A l'origine, rigidifier une robe servait à ce que les tissus, aux décors élaborés et coûteux, ne plissent pas. Toutefois, dans la mesure où le corset modèle le buste féminin, il est devenu essentiel pour atteindre la silhouette à la mode. 

Matériaux et construction
Le corset est constitué en cousant (à la main) la soie moirée à une épaisseur de lin, formant ainsi de longues et étroites coulisses. De fines baleines sont insérées dans les coulisses pour donner sa forme au corset. Les baleines ne sont pas les os, mais le cartilage formant les fanons des baleines. Il pousse en large bandes dans la gueule des baleines et sert en quelques sortes de tamis pour filtrer le plancton, qui est l'aliment principal des baleines, de l'eau de mer. Le commerce des baleines a commencé au début du 17ème siècle en mer du Nord et, comme les baleines étaient chassées jusqu'à leur quasi extinction,  s'est rapidement étendu aux eaux entourant le Groenland et à la mer de Bering. Las baleines étaient utilisées pour les corsets et paniers de femmes ainsi que pour une grande variété d'autres objets, comme les cravaches, les fouets, les brosses, les dossiers et assises de chaises, les amortisseurs des calèches et les canes à pêche. Le blanc de baleine* était transformé en huile et utilisé pour l'éclairage. Les fanons de baleines étaient la matière privilégiée pour rigidifier les vêtements car ils sont suffisamment fermes pour imposer une forme au corps, et pourtant suffisamment souples pour ne pas casser lorsque celui qui porte le vêtement bouge. Les rubans ont conservé leurs pointes d'origine, les embouts métalliques étroits à leurs extrémités. Elles empêchent le ruban de s’effilocher et aident à le passer dans les trous pour le laçage. Les pointes sont faites en fer étamé  elles auraient normalement du rouiller.

NDLT : cette substance blanche qui se trouve dans la tête des baleines s'appelle aussi spermaceti. ça n'a pas l'air d'être de la graisse bien que je pensais qu'on chassait les baleines pour leur graisse. On en apprend tous les jours...

5 commentaires:

  1. Merci ! En effet tu n'as pas trouvé exactement ce que tu cherchais ( c'est souvent le cas) mais ça reste super intéressant. Je ne connaissais pas ces corsets sous-poitrine à cette époque. Par contre j'ai vu pas mal d'exemples comme celui du V&A chez les enfants, vu les demensions crois-tu qu'il aurait pu appartenir à une jeune fille ?

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  2. ah mais ça c'est une très bonne hypothèse ! Je n'y avait pas du tout pensé... Je vais voir si je suis plus chanceuse en cherchant dans les portraits d'enfants ou jeunes adultes.

    Sinon une chose que je n'ai pas dite explicitement concernant les corsets sous la poitrine, mais qui peut paraître assez évidente étant données les images récoltées : il n'y a aucune preuve ici que ces corsets aient été portés au quotidien. Il est possible qu'il ne soient "que" des pièces de déguisements, traduisant le goût de l'époque baroque pour une antiquité... revisitée!

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  3. Ah oui j'avais bien compris que ce sont tous des portraits de "genre"...mais justement ce serait intéressant de chercher si on trouve des exemples réels...que de futures pistes pour des recherches !

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  4. En même temps, si ce sont des pièces portées ou représentées uniquement sur des portraits allégoriques et al., ça colle à ton projet, non ?
    Sinon, des exemples début XVIIIème ici : http://isiswardrobe.blogspot.fr/2013/03/stays-with-tie-on-sleeves.html (j'arrête pas de faire des lectures croisées ce soir, c'est étrange) Sur le tableau de Ceruti c'est une jeune fille qui porte un corps à manches, d'ailleurs.
    (Et merci, MERCI de te poser des questions, merciiii !!! J'aime quand les gens se posent des questions ! Et font des recherches ! Et les partagent !)

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  5. oh oui moi ça me va plutôt bien que ces dames en corsets soient déguisées. Mais du coup je doute, j'hésite, sur la forme à donner à mon corset à moi...
    merci à toi Marion pour les images !

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