mercredi 1 juin 2011

Être une femme à travers le temps (suite)


Ceci est la suite du post sur l'habillage. Aujourd'hui, nous allons traiter du corset

Le corset est aujourd’hui un outil de mise en valeur du corps et un vecteur certain d’érotisme, relativement élégant s’il est bien fait et pas exposé à la vue du premier venu. Mais le corset du XVIIIème sicle, ce n’est pas du tout ça. C’est un vêtement très lourd et ultra rigide qui impose au corps de la femme une forme qui ne lui est pas naturelle pour deux sous : le buste est entièrement droit, la taille resserrée et la poitrine écrasée et remontée quasi sous le menton (quasi je dis bien !). Pour être plus claire, un petit dessin (vous pardonnerez la qualité médiocre : c’est fait avec paint)
le trait noir figure la peau, le rouge le corset et les zones grises représentent les déformations du corps induites par le port de ce truc. 
Tout cela ne va pas sans conséquence sur les attitudes et le comportement des femmes au VXIIIème : 

  • Le plus évident, c’est qu’on perd en souplesse (merci Monsieur de Lapalisse, belle contribution au débat). Evidemment ça à l’air idiot dit comme ça, mais voici une liste de choses somme toute fort simples que j’ai essayées de faire avec corset et sans succès : m’asseoir confortablement dans un fauteuil en appuyant mon dos contre le dossier (et oui, rien que ça !), me baisser pour ramasser mon éventail (il faut plier les genoux, impossible autrement), éviter une branche d’arbre en inclinant le dos (séquelles encore visibles)… Bref les femmes du XVIIIème étaient quand même très limitées dans leur mouvements (et je n’ai pas encore parlé des paniers!)
  • Les mouvements brusques sont limités par un sentiment que je n’avais jamais connu jusqu’alors (Sophie Marceau, elle, le connaît, mais pas moi) : la peur que mon sein sorte de mon vêtement et apparaisse au grand jour. Si je lève le bras, vu comme ils sont serrés, il y a moyen que tout foute le camp, non ? Alors j’imagine que nos pauvres femmes du XVIIIème sicle devaient faire un peu attention à ne pas lever les bras trop vite… 
  • Les organes sont comprimés, genre beaucoup. Ce qui morfle en premier c’est 
    • les poumons, la cage thoracique ne pouvant plus se déployer en plein, vous êtes essoufflée au moindre effort. On dit toujours que les femmes de cette époque s’évanouissaient à tout bout de champ pour se donner des airs (un comble quand c’est dû au fait qu’on en manque !). Je peux vous assurer qu’elles ne devaient pas avoir à forcer beaucoup le trait. En serrant un peu plus que ce que j’avais fait dimanche dernier, il y a moyen que le cerveau manque assez rapidement d’oxygène. 
    • l’estomac devient tout petit et très vite rempli. Par conséquent, on a très vite plus faim et si on n’arrête pas de manger à temps, on a très vite mal au ventre. 
    • tous les autres organes ensuite sont comprimés. Porté une après midi, le corset n’a pas de conséquence dramatique mais porté quotidiennement dès la sortie de l’enfance (y compris pendant l’adolescence où les cartes de l’anatomie sont si profondément rebattues), il faisait des ravages : des rates atrophiées, des estomacs tout rabougris, fonctionnant mal… les corps des femmes étaient rendus dysfonctionnants par le port précoce du corset (entre autres bien sûr, ce n’est pas le diable en personne ce corset). Elles arrivaient donc toutes faiblardes pour affronter des événements de la vie dont la médecine moderne n’avait pas encore atténué la violence (et je pense bien sûr aux accouchements), et elles tombaient comme des mouches. CQFD. 
  • Le dos est redressé. Je n’ai pas dessiné la colonne vertébrale sur mes petits schémas du dessus parce que je n’aurais pas su faire ça, mais clairement elle est concernée. La colonne vertébrale, vue de côté, forme naturellement un S. Je pense que la courbe du bas est redressée par le corset. En tout cas c’est là que, lorsque vous l’enlevez le soir, vous avez très très mal. 

Pour finir sur le corset je dirais donc qu’on est très loin de l’image qu’on en a aujourd’hui, qu’il est vraiment gênant, réduit les mouvements de la femme et crée un malaise qui la limite dans ses actions. Et qu’à long terme il a un vrai impact négatif sur le fonctionnement de son organisme.

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