Customiser des chaussures XVIII°

Vous le savez, les chaussures histo, c'est mon truc. Alors certes American Duchess en vend de superbes mais, outre que c'est assez cher (bien que vraiment pas excessif pour la qualité des objets : je le sais, j'en ai!), on commence à vraiment les voir sur les pieds de tout le monde. Et puis moi, j'aime bricoler. 

Donc ici, un projet relativement simple pour transformer des chaussures à 5€ en chaussures XVIII° assorties à ma robe à la française. 

0. Inspiration et réflexion

En cherchant bien, on trouve de jolis exemples de chaussures de femmes du XVIII°. Je vous renvoie par exemple sur le blog de Deconstructing History qui a fait une collection marrante des images de bouts de chaussures qu'on voit dépasser des portraits de la Pompadour (chacun ses tocades!). Certaines chaussures ont même traversé les siècles et peuvent être observées dans les musées. Enfin bref, ce n'est pas l'inspiration qui manque. 

Perso, ce qui me marque dans ces chaussures et que j'aimerais reproduire : 

• La forme générale, qui a tendance à allonger un peu le pied. Que le bout de la chaussure soit rond ou carré, le pied semble fin.
• Le talon, dont la forme "bobine" est très caractéristique.
• La finesse des décorations et l'accord parfait entre la tenue et les chaussures (ce qui est, avouons-le, la classe).

Je ne veux pas de mules, car c'est atroce pour marcher et je veux le confort d'une grole contemporaine. 

Voilà le cahier des charges.

Et voilà mon achat de base : 5€, en soldes dans une boutique du boulevard Magenta. Je les ai choisies parce qu'elles sont en tissu (ce qui sera plus facile pour la suite) et parce que le talon, même s'il n'a pas tout à fait la bonne forme, est approchant.

Le destin que je leur réserve consiste à se faire recouvrir de tissu, ajouter une languette (une fausse languette parce que je ne vais pas imiter le système de fermeture historique) et les décorer sauvagement.

1. Préparer le gabarit

Pour recouvrir les chaussures de tissu, faire un gabarit en épinglant un vieux morceau de tissu sur la chaussure. Le plus important à cette étape est de s'assurer qu'il y a le moins de plis possible. 

Tracer au crayon sur le tissu les contours de la forme souhaitée.

Vous obtenez ainsi un gabarit, que vous pouvez modifier un peu. Ici, je choisis d'ajouter une languette à la chaussure. Il faudra que je dessine une forme plus gracieuse que celle que j'ai là !

Quand votre gabarit vous plaît (donc après 25 ajustements-essais environs), découper deux fois dans le tissu final. Ici j'ai choisi de faire figurer deux motifs différents sur le pied gauche et droit, ça m'a semblé marrant mais au final j'ai mis tellement de décos dessus qu'on ne le voit pas.

2. Poser le tissu
Commence alors l'étape la plus dégueu : le collage du tissu sur les chaussures (de l'importance que les chaussures soient, à la base, en tissu). Il s'agit donc d'engluer les chaussures de colle à tissu et de poser, tant bien que mal les pièces préparées. Meilleur est le gabarit, plus facile est cette étape. Aidez-vous d'épingles et de pinces à linge pour tenir les parties déjà placées au fur et à mesure. Ne négligez pas la quantité de colle, surtout sur les bords (ça tiendra mieux et limitera l'usure du tissu, qui est laissé à cru dans ce système. D'ailleurs en l'écrivant je réalise qu'un petit point zig-ag aurait été vite mis et pas inutile...).

Mais ne comptez pas sur un miracle : vous allez vous en mettre partout !

Ensuite, laissez sécher 24 heures.

Ici, pour sécuriser la tenue du tissu sur la chaussure, j'ai fait des petits points tout le long de la semelle. Une aiguille y a laissé sa tête, une autre en est sortie toute tordue mais c'est fait !

Nous arrivons maintenant à un moment particulièrement indiqué pour noyer les chaussures sous l'imperméabilisant. Ce n'est pas histo mais ça peut aider. Je dis ça...

3. Finir et décorer
Pour finir, j'ai posé du biais. D'abord sur l'arrière pour couvrir la jonction du gabarit. Puis tout autour de l'ouverture.

Enfin, question déco, je n'avais pas envie de mettre des noeuds avec des boucles. ça aurait certainement eu l'air plus histo mais j'avais envie de changer. J'ai donc opté pour trois rosaces (deux grandes sur les côtés et une petite au milieu) agrémentées de perles en verre au centre.
Au passage, un petit truc que j'ai oublié de vous dire lorsque je vous ai parlé des ruchés de la robe à la française (c'est un truc que j'ai piqué à Carmène) : pour donner des la tenue et une meilleure résistance à vos décos dont les bords restent à cru, n'hésitez pas à la passer à la laque. Oui, la bombe pour les cheveux qui sent "bon comme mémé". C'est remarquable.

Hello sweet hearts !

Je vous ferai un retour pour vous dire si elles tiennent le choc à l'usure.