vendredi 23 mai 2014

Etre une femme (enceinte) à travers le temps

Vous vous souvenez peut-être de mes petites réflexions à deux balles sur l'influence du costume sur la vie des femmes ? Et bien en voici une autre !

Cet épisode d'adaptation d'un costume "à mon état" m'a amené quelques réflexions que je partage avec vous. Mon propos n'a aucune visée scientifique, il est juste basé sur mon ressenti perso. Car soyons clairs : je ne suis pas historienne, mais je réfléchis quand même parfois.

Pour la faire courte, je suis surprise et assez admirative de la façon dont la mode féminine a intégré les fluctuations du corps de la femme pendant des générations. Car même en dehors des périodes de grossesse (et encore plus pendant), nos corps changent. On prend du poids, et on en perd, et ce volume si beau dans la poitrine devient si laid dans les cuisses, et les vielles dames se voûtent... Et s'il est aujourd'hui il est impensable de tenir toute sa vie d'adulte dans le même jean, je pense sérieusement qu'il était envisageable de garder une robe toute une vie aux XVII° et XVIII° siècles. La relation d'adaptation réciproque entre le corps et le vêtement histo me semble être beaucoup moins déséquilibrée qu'on le pense parfois. Certes, les costumes XVII° et XVIII° modèlent violemment le corps. Mais derrière toute cette rigidité (que je ne nie pas) se cache quand même un vêtement qui est capable d'accepter des changements assez drastiques du corps. Quelque part (même si je n'aime pas ce genre de comparaison à la serpe), nos jeans de tailles standardisées qui ont l'air si souples et adaptables n'en font pas autant.

Cela m'amène aussi une réflexion sur la praticité des vêtements. On dit souvent que nos vêtements contemporains sont plus "pratiques". C'est vrai que pour prendre le métro et aller bosser dans un bureau de 4m², la robe ballante n'en impose pas au tailleur pantalon. Par contre pour fabriquer un bébé, le match s'inverse (rapport à ce que j'ai dit ci-dessus sur la capacité du vêtement à s'adapter au ventre qui gonfle). D'où ma question : pratique pour quoi ? 
Les femmes occidentales font aujourd'hui grosso modo 2 bébés dans leur vie, soit 18 mois de grossesse et 10 mois où c'est véritablement la galère pour s'habiller. 10 mois, sur 360 de fécondité (de 15 à 45 ans) -> 3% du temps, épiphénomène. Seulement, quand vous faites 10 mioches et que vous mourrez précocement à 40 ans, ça fait 50 mois de galère vestimentaire sur 300 -> 17% du temps, on n'est plus dans la même optique. Etre enceinte devient une véritable activité dans la vie d'une femme. Et sa tenue, quelque part... elle doit être pratique pour ça.
On pourrait même élargir, en étant un peu osé : si on considère que la fonction principale de la femme c'est de reproduire l'espèce*, le fait qu'elle porte des vêtements ouverts qui ne bloquent pas l'accès à son sexe n'est pas si débile que ça (inacceptable pour une occidentale de 2014, mais pas complètement déconnant du point de vue de la logique pure). De même que de porter des tenues qui mettent en valeur les caractères sexuels secondaires (poitrine et rapport taille-hanches).

Bref, je ne démontre rien, et ne conclue même pas grand chose, mais cette adaptation de tenue de bourgeoise a ouvert des nouveaux champs de réflexion chez moi. J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez...

* Attention à ne pas y voir un jugement de valeur. Je ne partage pas l'avis, je dis juste qu'il était répandu il y a 300 ans. 

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